C’est à croire que le bateau fuit tellement de partout qu’on en est à envoyer les officiers colmater les trous : dans un article au quotidien Le Monde, le Ministre de l’Intérieur Claude Guéant, réputé pour sa tolérance humaniste et oecuménique (…), déclare que “l’Islam ne doit pas être un sujet d’empoignades en 2012“.
Que faut-il comprendre ? En 2011, oui, l’Islam pouvait être utilisé pour diviser, pour stigmatiser à outrance, pour radicaliser, pour focaliser les ressentiments. En 2010, aussi, lorsqu’il était question d’un grand débat sur l’identité nationale, avant que celui-ci ne sombre dans la triste manipulation de la communauté musulmane. Et en 2009, pareil. Là, on pouvait y aller, l’Islam pouvait être un sujet d’empoignade. Pas de problème. M. Copé pouvait tout-à-fait faire passer des lois liberticides sur le port du voile par une toute petite poignée de femmes ou même souhaiter interdire les prêches des imams dans une autre langue que le français ; M. Besson pouvait autoriser les pires infamies sur son blog ; M. Hortefeux pouvait plaisanter sur le nombre problématique des Auvergnats aux accents maghrébins.
Mais pas en 2012, non non non. Touche pas à mon Musulman. Pourquoi donc ? Que se passe-t-il de si important en 2012 qu’un ministre de l’Intérieur prenne la peine de se précipiter avec un touchant empressement aux pieds des Musulmans ?
Que les dupes lèvent la main.
(c) Julien Mignot / été 80 pour Le Monde